Etape 6 - Riedlingen - Ulm - 80 km
Dernier jour ! Et la pluie pour nous accueillir ce matin… Fallait bien, que ça arrive sinon on n’aurait échappé à la tradition qui veut qu’on ait au moins un jour par voyage de cette satanée flotte. On a petit déjeuné au camping, sous une espèce de « kiosque » à musique, c’était ma foi assez original…
Le départ a été donc pluvieux. A peine étions-nous
d’ailleurs partis que ça s’est mis sérieusement à tomber. On se réfugie pour
mettre des impers mais au moment de repartir, ca se découvre un peu. Bon cette
matinée, on aura plus suivi la voie de chemin de fer que le Danube, sur des
chemins parfois limites.
On aura pas mal traversé de villages, et une plus grosse ville (Ehingen) où l’on s’est d’ailleurs arrêté manger. Les deux dernières heures, pas mal de piste le long de départementales. Cette dernière étape aura été la moins glamour, on n’avait finalement qu’une hâte, c’était d’arriver…
A l’approche d’Ulm, on était de plus en plus
déprimé : déjà, la pluie se remettait à tomber et de plus, on en finissait
plus de traverser une espèce de banlieue industrielle glauque et moche.
Tout ça s’est heureusement vite métamorphosé sur la
fin : l’entrée dans Ulm s’est déroulée le long du Danube et des remparts,
une belle promenade aménagée empruntée aussi bien à pied qu’en vélo par les
habitants.
La « porte » donnant accès à la vieille ville sera
considérée comme le point final de notre parcours. Nous pouvions apprécier à sa
juste valeur cette ville qui du coup nous a enchantée !
Etape 5 - Tuttlingen - Riedlingen - 100 km
Cette journée je crois aura été la plus appréciée
par nous tous…
Depuis Radozfell, nous avons pris un train à 06h30
pour Tuttlingen. Nico a l’air d’attaque. Je me tape un café à emporter (chépa,
j’aime bien ce concept qu’on n’a pas trop en France) et mon premier
chococroissant. Grâce à cette étape sur rail, nous éviterons les terres et
surtout les côtes. Nous quittons donc les bords du Rhein, direction le Nord, où
c’est le Danube (Danau comme ils disent) qui nous attend.
Il est 07h45 quand nous nous mettons en selle.
Rapidement, nous sommes hors de la ville et le cadre est ma foi bien
bucolique : la brume et la fraîcheur matinales, un soleil qui perce de
manière irrégulière car nous pédalons souvent en contrebas de petites collines
et forêts. Pendant une petite heure, nous roulerons en plaine, plus ou moins
proche du Danau.
Ensuite, la piste collera vraiment au fleuve. Le paysage en
sera d’autant plus magnifique. La forêt tout autour, les collines de la Forêt Noire,
A 10h00 on stoppe à Beuron pour un petit déjeuner.
Et quel festin ! Le proprio du restaurant est aux petits soins avec nous
et on a la totale : œuf à la coque, charcuterie, café, confiture maison,
beurre, pain maison, jus d’orange…Le tout servi dans des services de luxe j’ai
l’impression. On le gardera en souvenir ce petit déj’ ! Évidemment pour
repartir, nous fûmes un peu lourds, mais qu’importe… Sigmaringen était à 25 km.
Waow ! quel château ! On y est resté toute
l’après midi. Déjeuner dans un « biergarten grec » (sic), puis visite
de la demeure royale, propriété de la lignée des Hohenzollern-Sigmaringen.
Le gouvernement fantoche de Pétin y a élu domicile. Après cette belle visite,
on repart sur nos biclounes, il est 17h00 il fait moins chaud, c’est plus
supportable. La route n’est plus aussi verte, on retrouve la plaine, la
civilisation, on s’éloigne parfois du Donau, le retrouvons un peu plus loin…
Une dernière pause dans un bar face à des terrains de football avant de torcher les 15 derniers kilomètres. Il fait bon, il est quasiment 20h00, on traverse des champs de maïs, au milieu de nulle part, abordons quelques grandes lignes droites à un rythme de vrais djeunes… L’arrivée à Riedligen se fait via un petit chemin longeant le Danube.
Comme d’hab' on ne sait pas sur quoi on va tomber ce
soir. A un kilomètre de la ville, aux abords de la vélororoute, un pseudo-camping
surgit. C’est bien là que nous sommes attendus. L’accueil est sympa,
à base d’aboiements féroces du toutou des proprios qui étaient en train de
manger. Le type nous amène voir notre logement : au fond d’un champ
d’herbe, caché entre deux arbres, nous distinguons une hutte en bois…qui nous
est réservée ! Trop balèze, le coup de la hutte ! Ca me plaît
bien…Bon l’intérieur est spartiate certes : pas de lumière, y a 10 mètres
carré pour 3 lits, mais je suis comme un dingue !
Y a par contre des milliers de
moustiques, on aura chacun notre lot de boutons… Je capte le proprio à nouveau
pour lui demander des bougies pour la nuit, on se comprend à coup de mimes,
c’en est comique. Une bonne douche et on repart en vélo en ville. La ville est
assez petite, on aura pas trop le choix pour le resto, et pis ce sera en
intérieur. Déco kitchou, je me laisse tenter par un plat local « spécial
sauce souabe » (oui, ici c’est la région des Souabes, un vieux peuple
germanique). Sur insistance d’Émilie, la glace d’après repas s’impose. On repart
dans la nuit au camping, il fait bon, Nico et moi on sent notre litre de bière dans le bide
tout de même.
Etape 4 - Schaffhausen - Radozfell - 50 km
Le soleil est de la partie, pour pas changer. Nico va mieux, mais il décide de prendre le train pour Stein am Rhein. Émilie et moi on le rejoindra en vélo. La route descend depuis l’auberge jusqu’aux rives du Rhin. Très jolie vue depuis en bas.
La piste commencera à longer le fleuve et la route avant de
s’enfoncer en forêt dans des coins ombragés. Au bout de 17 km, on atteint Steim
am Rhein. C’est bourré de touristes, normal, le Lac de Constance (Bodensee) est
à proximité. Après avoir traversé le joli pont de la ville d’où des fous se
jetaient, on débarquait au café de la gare : Nico était déjà posé,
sirotant son coca. Il jouera un vilain tour à la serveuse en renversant de
façon très conne, il faut le dire, les gourdes pleines à l’entrée du bar.
On décida alors de modifier le programme :
aujourd’hui, on ferait le tour du lac jusqu’à Constance, puis on
aviserait. Cela concernait une vingtaine de kilomètres que l’on a effectué à une
allure contemplative.
Nico reprenait du poil de la bête mais fallait quand même
pas forcer. Avec la température qu’il y avait, le fait de longer le lac nous
donnait la monstrueuse envie de nous baigner ! C’est entre la piste et une plage aménagée que l’on a chopé un resto. Tellement bien aménagée
d’ailleurs que l’on a été sur le cul quand on s’est rendu compte que l’accès y
était payant : 3 euros ! Putains de Suisses… qué radins ! On
s’est contenté de manger, tant pis pour le plouf… On est reparti à 15h00 dans
la fournaise.
Finalement, on débarque à Constance, la plus grande ville. La
première chose qui nous ait frappé c’est la ligne de train qui donne direct sur
la plage ! Après un tour à l’OT et moultes discussions, on décide
de réserver un gîte à Radozfell, et de prendre le train pour s’y rendre. La
fille de l’accueil de l’OT nous précise que le gîte en question est en réalité
un centre de langues pour étudiants, mais que exceptionnellement ils nous
prenaient pour une nuit… On avait hâte de voir le truc !
En attendant, on saute dans le train, abandonnant
Constance qu’on n’aura pas eu l’occasion de visiter. 30 minutes plus tard, on
débarque à la gare de Radozfell. Là aussi, c’est génial, car la gare a les
pieds dans l’eau ! On se ne le fait pas dire deux fois, on pose les sacs,
en caleçon et hop, enfin la baignade tant attendue a lieu.
A 19h00, on se change et on file au centre. Le patron est un yougoslave ou quelque chose comme ça. Le délire paranoïaque commence entre nous, d’autant plus qu’on croisera plusieurs jeunes filles, seules présences dans le bâtiment. On retourne en ville pour faire un tour et manger. Ce sera dans un restaurant en terrasse : j’ai pris un plat à bases de légumes vapeur, rôti de porc, nappé de fromage et avec des nouilles préparées chépa comment, le tout servi dans un espèce de casserole bizarre mais alors que c’était bon ! Une glace pour finir et voilà une journée bien remplie finalement, malgré le peu de bornes effectués.
Etape 3 - Rheinfelden - Schaffhausen - 80 km
08h00 : petit déj chez nos amis asiatiques, et départ
pour retrouver la véloroute n°6. A vrai dire, on commence à se poser des
questions sur la viabilité des indications. Plusieurs fois, l’on a perdu sa
« trace », sans parler du revêtement qui n’allait pas de soi pour des
routiers. Ainsi, encore ce matin, en quittant la ville. Du coup, un sympathique teuton à
vélo nous a même escortés sur de petites routes bien bucoliques pour nous aider à retrouver notre chemin.
D’un côté le Jura, de l’autre la Forêt Noire, sympa la balade.
Au bout de ¾ d’heure en notre compagnie, il nous laissa nous
démerder en nous indiquant la route à prendre, pis fit demi-tour ! On a
récupéré le Rhein, (comme ils disent...) et fîmes pause à Laufenburg (on a traversé le pont pour
rejoindre le côté allemand). Côté paysage, les façades multicolores des maisons
des villages traversées, tant côté allemand que suisses, ont l’air de tomber
littéralement dans le fleuve.
Tout autour c’est de la forêt. On traverse également à nouveau ces petits bourgs tout en longueur collés au Rhein, dans les parties moins vallonnées (comme la veille). Côté temps, ça cogne dur ! Déjeuner à Waldshut-Tiengen, dans l’avenue piétonne principale, encadrée par deux « portes » typiquement locales.
On repart il est quasiment 15h00. La route nous
emmène davantage dans les terres, et le long des routes. Et pis c’est véritablement la canicule…
On stoppe à
Hohentengen, devant une superette. Nico et moi on se met à l’ombre pendant qu’Émilie
va chercher à boire. Et c’est là que Nico défaille. Tête qui tourne, malaise
général… Il boit, il mange, mais ça passe pas. On se pose alors au bar à côté. Après une « réunion de crise », et vu que sur
place y a rien de dispo (le camping en contrebas avec super piscine face au Rhein est
complet, et le Bet & Bike répond absent), on décide de finir l’étape en
train pour rejoindre l’auberge de jeunesse à Schaffhausen à 25 bornes de là.
2 changements plus tard (via Bulach), et le temps de traverser la ville, on arrive à l'auberge à 21h30. On est tous claqués. Évidemment il est trop tard pour choper un resto, d’autant plus que le centre ville est un peu excentré. Émilie tente le bar du club de foot local qui est ouvert. On s’en sort avec du Sprite, des Twix et des glaces. L’auberge est classe, c’est normal on est en Suisse, et plein de gamins...Le dortoir est partagée avec une famille de vélotouristes.
Etape 2 - Reppe - Rheinfelden Warmbach - 107 km
Lever à 07h00. On déjeune avec la proprio, car le
mari, transporteur routier, s’est levé à 3h00 pour assurer ses livraisons du
coté de Bâle où l'on se rend. A 08h15, à la semi-fraîche et sous un ciel sans un pet de nuages,
on repart vers Dannemarie récupérer la piste cyclable. La route est toujours
aussi sympathique, et le nombre d’écluses va en s’accroissant. Nous faisons une
pause café à Mulhouse, sur la place principale, Place de la Réunion
Pour repartir, ce fut un peu le bordel. La ville et les
industries compliquent le tracé de la piste cyclable mais on a pu filer comme
prévu plein sud en suivant le Canal et se rapprocher du Rhin. Il fait de plus
en plus chaud. Au bout d’une bonne demi-heure, on retrouvait un environnement
plus tranquille. Tranquille et différent également. Le canal n’est plus le
même : c’est celui maintenant de Huningue, longeant le Grand canal
d’Alsace, lui-même au bord du Rhin. L’eau y est plus bleu, la végétation différente
(forêt de la Hardt Sud). Dépaysant.
A 14h, on a atterri à Huningue ( ?) mais plus de resto ouvert. Seule solution : le Leader Price. On y aura apprécié la clim dans le magasin, seul moment de fraîcheur de la journée… La pharmacie du coin indique 37°. Nos victuailles sous le bras, on repart sur le canal pour pique-niquer.
Bâle n’est plus qu’à une douzaine de bornes. La
piste devient caillouteuse mais on avance, emballé par le fait de traverser une
frontière ! L’arrivée à la douane a été assez étrange : pour y
arriver, nous avons traversé une grande zone industrielle complètement déserte
(désertée ?). Pas une voiture de croisé, pas un seul être humain, le tout
dans un silence inquiétant et sous un cagnard féroce… Ceci dit, une fois passée
la frontière, la fureur urbaine a vite repris le dessus ! Ça y’est, nous
sommes en Suisse ! Tout est écrit en suisse allemand, les panneaux, affiches
etc. Les feux sont à l’envers (rouge, orange, vert). Les gens parlent bizarre.
On se faufile entre les voitures, les tramways et les vélos par centaines au
mètre carré.
A l’OT, le type de l’accueil a la gentillesse
d’appeler notre gîte pour confirmer la résa à Rheinfelden-Warmbacher, les
proprios ne parlant ni anglais, ni français. On forcera sous peu Nico à
replonger dans ses années d’études allemandes pour nous aider à commander
bières et autres ripailles…Petite balade : Markplatz puis les quais et
enfin le Rhin ! Waow, quels quais ! Plutôt un remblai avec plage, bars
à gogos, et baigneurs ! Ca c’est quelque chose…
Et les gens se baignent dans le Rhin, mais pas n’importe
comment. Je m’attarde sur un détail commun : le "schwrinerkfish"!
Tous les Bâlois se baladent avec ce sac orange étrange dans lequel ils mettent
leurs affaires personnelles. Ensuite, ils squattent une plage, enfilent leur
maillot, mettent leurs fringues dans le sac, le referme, le balance à l’eau, et
se laissent dériver par le courant et
leur sac qui leur sert, et c’est là que c’est extraordinaire, de bouée, ! Ils rejoignent ensuite un autre spot plus en aval et se rhabille ! Trop fort ! Du coup,
Nico et moi on s’en est acheté un pour frimer dans notre pays… Dommage, je n’ai pas le temps de tenter le truc, il était déjà 19h00 et on
n’avait pas fini notre étape...
Il nous a fallu auparavant passer la frontière
allemande, à la sortie de Bâle, pour rejoindre la rive gauche du Rhein. Nous
entrions dans le länder de Baden-Württemberg ! Le bout de route nous a
conduit à traverser trois quatre petits villages en bordure du fleuve, tous
mignonnets avec leurs maisons bien tenues, leur pelouses bien tondues, leur
jardinets fleuries…
Il était plus de 20h00 quand nous sommes arrivés, et bien nous en a pris car l’orage menaçait déjà depuis plusieurs minutes. A noter le gag du jour : le gîte était au numéro 62, et nous nous sommes arrêtés devant une maison devant laquelle était fixé un gros compteur électrique où le numéro « 62 » était marqué. Tu parles, après avoir tourné trois fois autour de la maison vide, on s’est rendu compte de notre connerie ! Enfin, le bon numéro n’était qu’à une centaine de mètres. L’hôtel, un peu crado, est tenu par des asiatiques. Nico s’est débrouillé comme il a pu pour assurer la traduction. Pas facile pour une première j’avoue ! Vu l’heure, on a posé les sacs dans la chambre (face au Rhein tout de même) et de suite, on s’est rendu à la pizzeria d’à côté. Ce sera pour moi une pizza « pikante » dont mon palais gardera un souvenir impérissable…
Prologue
Cette année nous avons décidé d’emprunter la piste cyclable Eurovélo, qui théoriquement part de Saint-Nazaire et s’en va se jeter dans la Mer Noire ! Nous n’en ferons qu’une modeste portion. Aissey, où les parents de Nico ont une maison, sera notre point de départ. Emilie et moi prendront le train depuis Bordeaux pour nous y rendre. La soirée sur place avec la famille fut agréable, on était prêt !
Accompagné de mon inséparable Bubba, je raconte ici 7 jours de sacrés bons souvenirs !